Interview David Bitton – MyBestPro : « Créer des champions verticaux avec des marques fortes »

CRME-commerceEntrepriseMarketingStart-up
david-bitton-mybestpro

Le DG et co-fondateur de MyBestPro (conseil et mise en relation digitale entre particuliers et pros) précise les ambitions de cette plateforme d’intermédiation rattachée à Vivendi Village.

Coaching, travaux à domicile, soutien scolaire ou juridique, santé…MyBestPro veut couvrir tous ses domaines en développant la mise en relation digitale entre particuliers et professionnels. Ses activités s’étendent désormais dans une dizaine de pays.

Lors d’un déjeuner presse de Vivendi Village organisé en avril, le DG et co-fondateur de MyBestPro a présenté la palette de business à multiples facettes.

(interview réalisée le 14 avril 2016)

ITespresso.fr : Comment expliquer la genèse de MyBestPro à partir de Wengo ?

David Bitton : Tout démarre avec la création de Wengo en 2004. Nous étions positionnés comme un opérateur de téléphonie sur Internet. C’est un succès d’estime avec 7 millions d’utilisateurs mais zéro euro de chiffre d’affaires. Nous aurions dû partir rapidement à l’international avec Wengo. En France, le marché est passé rapidement à la voix sur Ip via les box. Et Skype est apparu au même moment….

En 2007, nous avons changé de modèle : d’un modèle de téléphonie sur Internet, nous sommes passés à celui d’un modèle de mise en relation des gens.  Avec l’idée de créer une place de marché pour que les pros puissent vendre des prestations. Dans ce cas, pourquoi ne pas monétiser le temps et mettre les gens en contact par voix, par vidéo, chat et échanger des documents dématérialisés.

Entre 2007 et 2012, notre métier a consisté à mettre les gens en relation par téléphone. Ensuite, on s’est rendu compte que le téléphone n’était qu’une niche dans un marché beaucoup plus gros : l’intermédiation entre particuliers et professionnels.

Depuis 2012, nous nous sommes diversifiés en plusieurs marques pour couvrir cinq verticales. On a gardé le coaching par téléphone avec la marque Wengo, on propose de l’information et du conseil juridique sur JuriTravail.com, et on trouve les bons pros pour les travaux avec Habitatpresto.com (ex-Devispresto.com).

Nous avons aussi une activité d’accompagnement scolaire avec Bordas.com.  Dans le domaine médical, nous développons RDVmedicaux.com, qui permet de trouver un rendez-vous avec un médecin rapidement [précision : ce service pionnier, lancé en 2007, a rejoint MyBestPro en 2014, ndlr].

Nous préférons miser sur des verticales plutôt qu’une approche touche-à-tout. Nous parions sur des champions verticaux avec des marques fortes.

MyBestPro.com fait la jonction des services : d’un côté, on aide le particulier à trouver le bon pro, et, de l’autre, on apporte du chiffre d’affaires aux pros. Nous générons entre 100 000 et 150 000 contacts par mois vers les pros. Via Google, nous générons 6 millions de visiteurs uniques par mois sur notre bouquet de sites (juste en trafic naturel).

ITespresso.fr : Le modèle économique repose essentiellement sur le contact établi ?

David Bitton : C’est un peu plus compliqué que cela. Au départ, nous pensions effectivement que nous pouvions encaisser systématiquement les consultations, les mises en relation, l’intermédiation en fait et le montant de la prestation du pro. Il y a des marchés sur lesquels ce système marche bien. Et d’autres beaucoup moins bien.

Du coup, on a instauré deux modèles économiques : à chaque fois que l’on peut encaisser le montant, on le fait. C’est le cas pour les conseils par téléphone et les cours scolaires à domicile (on vend des tickets, ensuite on encaisse, ensuite on paie les pros).

Dans d’autres cas, cela ne se fait pas. Par exemple, dans la réalisation de travaux à domicile via Habitatpresto.com, le devis est fourni gratuitement au client. En revanche, nous allons vendre le devis sous forme d’abonnement aux pros.

En fait, on peut résumer notre modèle économique comme ceci : apporter un client ou un chiffre d’affaires ou un prospect extrêmement qualifiée sous une forme que le professionnel sait traiter.

ITespresso.fr : Et cela marche aussi pour les rendez-vous médicaux ?

David Bitton : Les médecins sont partants pour prendre une assistante déportée (télésecrétariat via Internet pour la gestion des agendas). Nous sommes en mesure de vendre une modification de rendez-vous pour remplir un agenda pour quelques euros. C’est le médecin qui paie pour la modification d’un rendez-vous. C’est donc gratuit pour l’utilisateur mais payant pour le professionnel, que ce soit un nouveau patient ou un patient déjà suivi.

La plupart des acteurs sur ce segment de marché se positionnent comme des acteurs du télésecrétariat. On a adopté une position diamétralement opposée. On a considéré que les gens/patients voudront conserver le téléphone pour contacter une assistance mais ils auront besoin également d’une interface Internet pour des raisons de confort et d’usage.

Notre proposition, c’est le meilleur des deux mondes. On va plutôt travailler avec des permanences téléphoniques et des télésecrétariats et on apporte aux médecins les solutions confectionnées par leurs soins.

C’est une vraie différence de positionnement. Nous réalisons 100 000 rendez-vous de médecins par mois. Plus de 3000 médecins figurent sur RDVmedicaux.com. Nous sommes en mesure de couvrir assez bien le territoire avec des généralistes et des spécialistes (ophtalmologues, dentistes…). A mon sens, au regard du trafic et du nombre de médecins, nous sommes le deuxième acteur sur ce marché.

ITespresso.fr : Vous vous appuyez sur un éditeur de logiciels spécialisé dans la santé…

David Bitton : un des actionnnaires de RDVmedicaux.com s’appelle Euris, qui édite un logiciel exploité par deux tiers des permanences téléphoniques pour les médecins. C’est un gros avantage de travailler avec Euris. En combinaison avec RDVmédicaux.com, nous pouvons prospecter les permanences téléphoniques et leur proposer une solution « téléphone & prises de rendez-vous par Internet ».

ITespresso.fr : La mobilité, c’est important dans vos bouquets de services ? 

David Bitton : Tous nos services sont à la fois Web et mobiles. Après, il y a des nuances d’utilisation. Sur RDVmédicaux, l’usage est à 50% mobile. En revanche, il demeure à 70% en mode desktop sur JuriTravail.

ITespresso.fr : Avec un nom comme MyBestPro, vous avez forcément des ambitions internationales…

David Bitton : Avec Wengo, nous réalisons déjà 25% de notre chiffre d’affaires à l’international avec dix pays ouverts. Une vingtaine de personnes constituent le pôle international de Wengo depuis Paris.

Chez MyBestPro, nous sommes constitués en business units. Chaque équipe prend en charge son développement en France et à l’international si le marché est mâture. JuriTravail (50% de croissance chaque année sur la France) est le prochain candidat pour l’international à partir de l’an prochain.

ITespresso.fr : Dans le panel de services thématiques, il vous manque quoi ?

David Bitton : Nous voulons d’abord progresser sur les fondamentaux sur les 5 grandes verticales investies : coaching, juridique, travaux et enseignement à domicile et santé.

ITespresso.fr : Considérez-vous que Kang.fr entre dans le champ de votre concurrence frontale ?

David Bitton : C’est une plateforme qui a émergé davantage en concurrence avec Wengo sur le segment du conseil par téléphone.

ITespresso.fr : Simon Gillham (Président de Vivendi Village) vous surnomme « les nouvelles Pages Jaunes ». Mais « cela vous énerve » selon ses propos…

David Bitton : C’est plutôt sympa comme comparaison. La marque Pages Jaunes est sublime mais le service a vieilli dans son expérience utilisateur alors qu’il était essentiel et efficace auparavant. Le rôle de MyBestPro est de faire de l’intermédiation dans un genre nouveau et ce modèle est plébiscité par les clients.


Lire la biographie de l´auteur  Masquer la biographie de l´auteur