La plate-forme Mac épargnée par les virus

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Tous les analystes sont d’accord : le monde de l’informatique a connu son pire été sur le front des vers et des virus en général. A côté des structures mal préparées à ces assauts, les machines d’Apple semblaient hors d’atteinte… sauf dans certains cas.

L’été de tous les vers ! Le nombre d’attaques de virus sur Internet a fait frémir plus d’un utilisateur durant l’été : entre SoBig (voir édition du 25 août 2003), Nachi et Blaster, la prolifération de ces attaques infectieuses a été la plus importante depuis des lustres. Ce qui a surtout marqué les esprits, c’est la succession rapide des assauts : quasiment un toutes les deux semaines ! Et tous dirigés contre le système d’exploitation Windows, le plus distribué dans le monde et dont le code demeure truffé de failles que l’on découvre au jour le jour. La multiplication des correctifs pour Windows est même un vaste sujet de plaisanterie chez les experts en informatique, et ceux qui ne sourient pas grincent des dents. Le chroniqueur de Fortune, Peter Lewis se montre ironique : « Préparez-vous aux mise à jour de Windows (Windows Update), cela fait partie de l’initiative de sécurisation informatique de Microsoft : vous pouvez être sûr que chaque semaine, il y aura un nouveau correctif logiciel à télécharger, pour que vous puissiez réparer une faille tout juste découverte dans Windows. »

Du coup, la sécurité des systèmes informatiques est remise en question, et avec elle la « permissivité » de Windows. Microsoft s’en défend, bien sûr, prêchant pour la mise à jour automatisée de son système d’exploitation afin d’assurer sa sécurisation. « A l’exception des virus, sa fiabilité est meilleure », précise Bill Gates, le président de Microsoft dans une interview à nos confrères du New York Times. Depuis l’année dernière, Microsoft s’est engagé dans une opération de colmatage des brèches de son OS. Les correctifs sont si rapprochés que l’ouvrage donne l’impression d’un véritable gruyère informatique. Le problème, c’est que les récents virus utilisent les dernières failles découvertes pour se répandre. « Lorsqu’un trou de sécurité est révélé, il s’agit d’une voie à suivre pour les auteurs de vers », précise Michael Rasmussen, un expert du cabinet Forrester Research à Newsfactor. Et si auparavant il fallait 18 mois avant de voir apparaître un ver exploitant une faille de Windows, aujourd’hui, dans les 30 jours suivant un correctif, une menace peut commencer à proliférer grâce à Internet.

Des OS incompatibles

Le Mac n’est pas épargné par ces problèmes : nombre d’utilisateurs ont noté la présence du virus SoBig dans leur courrier entrant durant le mois d’août. Au plus fort de l’été, certains aficionados du Mac comptaient jusqu’à 300 messages infectés par jour ! Avec la recrudescence des messages de spam qui a également eu lieu cet été, les Mac ont donc été autant assaillis que les PC sous Windows, bien qu’ils ne participent pas à la prolifération de l’infection. Le désintérêt des auteurs de virus pour le Mac tient à la moindre distribution du système d’exploitation d’Apple et à la non-compatibilité des deux versions actuellement utilisées, Mac OS Classic et Mac OS X. « Le nouveau Mac OS, basé sur Unix, est plus dur à pénétrer pour des hackers car il n’est pas aussi répandu que le code pour Windows », souligne de son côté Rob Enderle. Ce spécialiste des nouvelles technologies se demande si les menaces virales ne sont pas des opportunités pour les systèmes d’exploitation Mac OS et Linux. En fait, c’est plus la répétition des attaques qui pourrait profiter à des systèmes d’exploitation alternatifs. Il faut dire qu’avec 579 virus répertoriés, la plate-forme d’Apple est loin des quelque 70 000 virus connus sous Windows, selon Network Associates. Macobserver compte 553 alertes virales provenant de macros Word ou Excel et ne recense que 26 virus spécifiques au Mac, aucun ne fonctionnant sous Mac OS X. Pas complètement immunisé, Mac OS, mais sa faible présence sur le marché le rend presque intouchable.