L’Icann une nouvelle fois critiquée

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Cette semaine et la semaine dernière, des représentants de l’Icann était entendus par les autorités américaines. Les critiques ont souligné l’opacité des procédures d’attribution des suffixes qui viendront s’ajouter aux « .com », « .org » et autres noms de domaines de premier niveau. L’organisation suscite toujours autant de polémiques.

L’Internet corporation for assigned names and numbers (Icann) reste toujours vivement critiquée. La semaine dernière, Vinton Cerf, le nouveau président de l’organisation et Michael Roberts, le CEO, affrontaient la commission à l’énergie et au commerce de la Chambre des représentants des Etats-Unis. En 1998, le ministère américain du Commerce avait transféré des responsabilités techniques à l’Icann, mais il conserve depuis un certain droit de regard sur les activités de l’organisation. Les questions portaient sur l’attribution des nouveaux noms de domaine de premier niveau, les « gTLD » (generic top level domains), qui vont prochainement venir épauler les « .com », « .net », « .org » et autres. A la mi-novembre l’Icann en a choisi 7 : « .info », « .biz », « .name », « .pro », « .coop », « .aero » et « .museum » (voir édition du 17 novembre 2000). La procédure de sélection imposait aux candidats de verser pas moins de 50 000 dollars pour le dépôt du dossier, non remboursables. Vinton Cerf a expliqué que la somme était nécessaire pour couvrir les frais de la procédure, l’Icann ne bénéficiant d’aucun fonds propre.

Un processus de désignation très opaque

Mais les débats ont surtout porté sur la manière dont avait été effectué le choix des 7 gTLD. « Les trois objectifs importants de l’Icann sont la stabilité, la stabilité et la stabilité », a martelé Vinton Cerf. Interrogé sur l’éviction du « .travel », Michael Roberts a rétorqué que ce gTLD n’avait pas remporté assez de soutien de la part des membres de l’industrie du voyage pour qu’on puisse s’attendre au succès de ce domaine. Reuters rapporte la critique formulée par le principal représentant démocrate au sein de la sous-commission : « A entendre certains candidats, il semble que le processus de désignation du Vatican soit moins mystérieux que celui de l’Icann », a lancé le parlementaire. Mickael Froomkin, professeur de droit à l’Université de Miami, témoignait aussi devant le Sénat américain. Très critique, il estime pour sa part, ainsi que le rapporte l’AFP, que « toutes les candidatures n’ont pas reçu le même traitement. Pire que tout, l’Icann a appliqué des critères arbitraires, les élaborant parfois en cours de route ». D’après lui, le « .union » a été rejeté parce que les syndicats qui le défendaient n’auraient pas été jugés assez « démocratiques » par l’Icann.

Pour enfoncer le clou, cette semaine c’était au tour de Karl Auerbach, l’un des 5 membres élus au directoire de l’Icann (voir édition du 11 octobre 2000) d’exposer ses griefs. Avocat et ingénieur en informatique chez Cisco, il n’a pas changé d’avis depuis sa candidature à l’élection de l’Icann, lors de laquelle il avait prévenu qu’il « ne ferait confiance [à l’Icann] pour rien au monde ». « Malgré ma courte expérience en tant que membre du bureau directeur, j’en sais déjà assez pour confirmer mes craintes. L’Icann souffre d’un manque de procédures publiques, d’un manque d’obligation de rendre des comptes, elle croule sous les missions, manque de communication, trop de responsabilités sont confiées à ses membres (…) En tant que directeur, mon rôle est de corriger ces faiblesses, mais je désespère devant l’immensité de la tâche. » Il a aussi affirmé « avoir des difficultés à découvrir ce que faisait l’Icann ».

Une session de rattrapage avant la fin de l’année

Vinton Cerf aurait indiqué à Reuters qu’un nouveau lot d’attribution de gTLD devait s’achever avant la fin de l’année 2001 et que les entreprises dont les propositions avaient été rejetées au premier tour verraient leurs propositions reconsidérées.

Pour en savoir plus : Le discours de Vinton Cerf