L’interface graphique Aqua ralentit-elle le Mac ?

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Les reproches contre la lenteur d’affichage dans Mac OS X viennent de prendre corps de deux manières : par le rebondissement d’une action en justice menée tambour battant par des utilisateurs de « vieux » G3 non supportés par le nouveau système et par le biais d’un article de Wired. Malgré une avancée indubitable, l’interface Aqua apparaît poussive à bien des utilisateurs. Les raisons semblent multiples et profondes.

Il n’aura pas fallu longtemps aux avocats du cabinet King et Ferlauto de San Francisco pour faire reculer Apple sur le sujet du support des « vieilles » machines dotées d’un G3 : après avoir lancé une action en justice en janvier dernier (voir édition du 1 février 2002), la firme a souligné auprès de nos confrères de MacCentral que le dossier avait été amendé, qu’une présentation devant le juge devait avoir lieu et qu’Apple semblait dans de bonnes dispositions, si l’on en croit la modification du message caractérisant son soutien aux anciennes machines sous G3 dotées de cartes graphiques non supportées sur son site Web. Le cabinet d’avocats indiquait en janvier, en parlant des applications sous Mac OS X, que « ces performances faibles n’étaient pas dues à des limitations inhérentes à ces machines ou à Mac OS X, mais à la volonté d’Apple de ne pas écrire les pilotes pour Mac OS X permettant d’utiliser certains des accélérateurs graphiques d’ATI ».

Une tempête dans un verre d’eau ? Pas si sûr, car si cette action en justice soulève bien un problème, c’est l’énorme consommation de ressources système de Mac OS X. Et la question de la puissance de la carte graphique semble bien être au centre des préoccupations de la Pomme sur ce sujet : dans le même temps en effet, le magazine Wired insiste sur la lenteur des nouveaux iMac quand il s’agit d’afficher des pages Web. La raison ? Les développeurs d’Opera et de Microsoft la connaissent : « la chose la plus importante est qu’il faut utiliser le modèle d’événement natif de Mac OS X. (?) la bêta d’Opera ne le fait pas. Ce qui explique pour bonne partie ce que vous observez », a expliqué Jason Hazlett, l’un de ses développeurs. Et de préciser que la prochaine version, Opera 6, utilise ce modèle d’événement natif et s’avère plus rapide que la version du navigateur pour Mac OS 9.2. Idem chez Microsoft : le problème vient de Mac OS X, pas du navigateur. En particulier, « les efforts pour dessiner quelque chose à l’écran (dans Windows) peuvent être déportés vers la carte graphique, mais dans OS X, le processeur central est lourdement impliqué ». Autant dire que les G3 et G4 d’Apple sont particulièrement mis sous pression.

Lent pour longtemps encore ?

Il faut bien comprendre les raisons qui ont fait qu’Apple a choisi de mettre sur le marché son nouveau système malgré ces ralentissements graphiques : pour la firme, il s’agissait de sortir enfin un produit utilisable. Le lancement du système en mars 2001, dont la première version a été considérée comme une « vulgaire » bêta, a subi quelques aléas en somme normaux dans le lancement d’un logiciel aussi important. Reste que Mac OS X est, selon les développeurs, riche d’un potentiel non encore exploité. La version 10.2, normalement présentée à la WWDC du 5 au 10 mai prochain, devrait apporter des gains substantiels de puissance. Mais l’histoire ne s’arrête certainement pas là : la firme de Cupertino, qui a racheté une start-up spécialisée dans les puces graphiques, pourrait bien être en train de préparer une prochaine vague de Mac dotés des améliorations suffisantes pour délester la tâche du processeur. On ne sait pas pour le moment quelle sera la forme de ces améliorations. Reste que la stratégie d’affinage logiciel empruntée par Apple bute sur un problème : la firme s’est appuyée énormément sur ses processeurs pour contrebalancer le défaut de mise au point des traitements graphiques sous Mac OS X. Or si le G4 peut paraître suffisant, le G3 se révèle dans bien des cas débordé par la somme de calculs nécessaires, même quand des masses de mémoire sont mises à sa disposition. Et l’amélioration des performances des processeurs n’a pas contrebalancé les freins inhérents au système. Alors il faut bien en convenir : Mac OS X se présente véritablement encore comme une oeuvre en devenir, alors même que les éditeurs et les fondeurs poussent les performances graphiques à l’excès (voir édition du 1er février 2002). Apple a concentré l’ensemble de ses développeurs sur son développement depuis l’été 2001, ne laissant qu’une équipe chargée de la mise à niveau de l’ancien système, Classic. Après un an d’efforts, les équipes de développement auront sans doute réalisé d’importantes d’améliorations dont certaines permettront peut-être de se rapprocher de la réactivité ressentie dans Mac OS 9.x. Et peut-être faudra-t-il encore attendre près d’un an avant de percevoir les véritables gains. Des périodes particulièrement longues en regard de la rapidité d’évolution du secteur. Une question s’impose immanquablement : les ralentissements de l’interface graphique vont-ils peser sur Apple ?