Numericable – SFR : Patrick Drahi devra faire preuve de « patriotisme fiscal »

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Dans le rachat de SFR, Patrick Drahi (Président d’Altice et premier actionnaire de Numericable) devra composer avec le gouvernement, qui se méfie du profil de l’investisseur.

Le rapprochement entre SFR et Numericable sera suivi avec attention avec par le gouvernement. Tout comme les mouvements de Patrick Drahi, dont le profil semble intriguer voire irriter le gouvernement. En tant que premier actionnaire de Numericable, le Président de la holding Altice devra fournir des garanties. Dans le Journal du Dimanche, Fleur Pellerin met la pression. La ministre de l’Economie numérique considérant qu’il serait « logique » que Patrick Drahi rapatrie sa résidence fiscale de la Suisse vers la France.

« Je ne suis pas inspectrice des impôts. Mais si Patrick Drahi devient le deuxième opérateur de télécoms en France, il serait logique qu’il rapatrie sa résidence fiscale en France et gère ses affaires depuis Paris », déclare Fleur Pellerin.  « Je ne souhaite pas le stigmatiser ou lui faire de procès d’intention. Mais il devra faire des efforts. »

Vendredi matin (14 mars), alors que Vivendi n’avait pas encore annoncé officiellement le démarrage de négociations exclusives avec Numericable pour le rachat de SFR, Arnaud Montebourg déclarait sur Europe 1 que le fait de privilégier le dossier du câblo-opérateur posait un « problème fiscal » : une holding à Luxembourg, une entreprise cotée à Amsterdam et un président résidant en Suisse…Une fiche société qui ne convient guère au ministre du Redressement productif.

Selon Les Echos, « Réuni vendredi à partir de 11 heures, le conseil de surveillance de Vivendi ne mettra que deux heures pour décider de suivre la recommandation du comité ad hoc et voter à l’unanimité moins une voix (celle de Pascal Cagni, l’ex-patron d’Apple Europe) en faveur de Numericable. »

Dès jeudi soir, le secrétaire général de l’Elysée est informé de la préférence de Vivendi. La Présidence de la République indique qu’elle n’émettra pas de véto au rapprochement SFR – Numericable mais elle avait un net penchant pour le dossier Bouygues plus structurant pour l’ensemble de la filière. Difficile de renverser la situation quand l’Etat n’a pas pas d’intérêt direct à protéger. « Nos lignes rouges sont connues mais nous ne sommes pas actionnaires », rapporte L’Expansion.

SFR – Numericable : Montebourg ne veut pas entendre parler de licenciements

Dans le journal de 20h00 du vendredi sur France 2, Arnaud Montebourg persiste alors que le nom du lauréat est désormais connu. « Je ne suis pas certain que les banques aient envie de s’exposer outre mesure. Il y a trois semaines de discussions [cadre de négociations exclusives Vivendi – Numericable pour cession SFR, ndlr]. D’abord parce qu’il y a un certain nombre de recours qui vont s’exercer de la part du concurrent de SFR, certainement. Il y a des questions qui vont être posées aux autorités de la concurrence européenne et français. »

Il énumère un certain nombre de conditions fixées par le gouvernement : « Pas d’emplois perdus, pas de plan de licenciements, pas de plan de départs volontaires, pas de plan social. Deuxièmement : la reprise des investissements de la fibre sur tout le territoire, par Numericable. » Le ministre appelle Patrick Drahi à faire preuve de « patriotisme fiscal » : « Il a une holding au Luxembourg, il est propriétaire de ses actions à Guernesey, la société est cotée à Amsterdam et il est résident suisse. Donc il va falloir qu’il fasse preuve de patriotisme fiscal et qu’il rapatrie un peu tout ça en France. »

Les engagements sur l’emploi deviendraient déterminantes pour le transfert des licences des fréquences détenues par SFR dans le nouvel ensemble. Ils pourraient se transformer en obligations opposables pour Patrick Drahi si le gouvernement maintient sa ligne dure.

Néanmoins, dans les envolées du ministre du Redressement productif, il y a un hic sur le volet « sauvegarde de l’emploi ». Selon une note du 19 février émanant de la Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services (DGCIS) réalisée pour le compte d’Arnaud Montebourg (et relayée par Les Echos), le nombre d’emplois supprimés aurait été plus important en cas de rapprochement Bouygues-SFR (1500 à 3000 suppressions d’emplois évaluées) contre une fourchette de 1000 à 2000 emplois disparues dans le cas d’un deal SFR-Numericable.

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(Credit photo :  Shutterstock.com – Droit d’auteur : Alex Mit )

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