Philippe Tavernier (Numergy) : « C’est la première entité de cloud public à vocation européenne »
Interview du président de la « centrale d’énergie numérique pour les entreprises » qui aborde le démarrage des activités de cette structure dite de cloud souverain associant SFR, Bull et la CDC.
ITespresso.fr : Pour assouvir vos propres besoins d’exploitation IT (sourcing), allez-vous privilégier l’écosystème IT français (hardware, logiciels, etc.) ?
Philippe Tavernier : Non, il n’y aura pas de primautés. Nous assurons seulement que ces unités de data centers seront hébergées en France avec des données qui resteront sur le territoire. Pour le reste, nous devons être à l’écoute de tout le marché. Bull est évidemment crédible pour répondre à un certain nombre de marchés. Ce qui veut pas dire que d’autres fournisseurs comme IBM pour les serveurs seront pas exclus. Nous sommes dans la technique pure. Et de toute façon, je n’aurais pas beaucoup le choix au regard de l’offre de marché finalement limitée. Mais nous serons attentifs aux éléments de garanties et de fiabilité qui iront avec.
ITespresso.fr : Un groupe d’hébergement français comme OVH mais aussi IBM évoquent à mots couverts des risques de distorsion de concurrence avec l’arrivée de services de « cloud souverain » soutenus par des fonds publics. Qu’en pensez-vous ?
Philippe Tavernier : A mon avis, l’Etat met l’argent où il considère que c’est important. Je ne suis pas convaincu que nos amis américains ont des leçons à nous donner en la matière. Qu’ils fassent également leurs preuves avec leurs propres éléments de différenciation. Nous sommes sur un marché de libre concurrence : le client choisira ce qui lui parait bon et approprié pour son avenir.
Avec Numergy, nous apportons quand même au moins trois bonnes nouvelles : un projet réalisé en six mois, la pertinence d’un partenariat public-privé et cela va créer de l’emploi.
ITespresso.fr : Quels profils de collaborateurs recherchez-vous en priorité ?
Philippe Tavernier : Sur les 400 collaborateurs embauchés à terme, on recrute surtout des ingénieurs plutôt diplômés en raison des éléments sensibles que nous aurons à traiter et des techniciens jeunes. Nous aurons également une population de commerciaux pour animer le réseau de distribution. Il y aura aussi un de services généraux transversaux (comptabilité, ressources humaines, etc.). Mais l’essentiel sera dévolu aux environnements technologiques.
ITespresso.fr : Récemment, Stéphan Ramoin, P-DG de Gandi.net, reprochait à des chasseurs de tête de tenter de débaucher ses collaborateurs. La recherche des talents nuit-elle à la dynamique de marché du cloud ?
Philippe Tavernier : je considère cela comme un bon signe du marché au regard des statistiques inquiétantes sur le chômage. S’il existe des vrais talents, c’est la loi de l’offre et de la demande. Il n’existe pas de chasse effrénée ou de mauvais coup sur ce volet. Nous aurons éventuellement une certaine compétition sur certains profils pointus. Mais j’espère que la France a la capacité de fournir 400 ingénieurs pour répondre à notre demande.
Nous abordons un problème de fond pour le recrutement d’ingénieurs qui sont majoritairement des hommes alors qu’il existe un vivier extraordinaire de femmes ingénieurs mais qui n’entrent pas dans le circuit du secteur IT. Nous irons à la rencontre des écoles et les accompagner sur certains cursus. Pourquoi ne pas instaurer des chaires « cloud » dans les universités ?