Prism à la française : ça n’existe pas ou presque

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Le Monde enquête sur l’existence « a-légale » d’une vaste plateforme d’interception des communications électroniques exploitée par le renseignement français. Et son fonctionnement est plus obscur que le modèle Prism aux Etats-Unis.

La France disposerait bien d’une plateforme d’espionnage globale des communications similaire à Prism exploitée par la NSA aux Etats-Unis.

C’est une enquête du journal LeMonde qui conforte cette hypothèse. Mais il est bien difficile d’avoir une confirmation de son existence.

D’après une source du journal (qui serait un responsable des services secrets français), le PRISM français collecterait des « métadonnées » des communications (mails, appels téléphoniques, SMS, fax…).

Mêmes les échanges sur les réseaux sociaux seraient concernés. Bref, « tout ce qui nous sert à communiquer », estime Jacques Follorou, journaliste au Monde.

Ce n’est pas le contenu des messages mais le contenant qui est stocké et compressé sur des années.

Ces métadonnées contiennent essentiellement les informations à propos des expéditeurs et destinataires des messages.

« C’est un gigantesque fichier, un des plus importants en Europe », estime le journaliste qui apporte son témoignage en vidéo ci-dessous.

« Sur la base de ses connexions électroniques qui sont stockées et compressées sur des années, on peut a posteriori en consultant cette base de données reconstituer toute votre histoire personnelle et connaître vos contacts professionnels. On peut tout savoir. »

Néanmoins, ces métadonnées ne suffisent pas à parler à elles-seules. « Elles sont ensuite rendues intelligibles par un travail d’analyses et de tri par des agents [a priori rattachés à la DGSE, ndlr]. Et ce, en dehors de tout contrôle. »

L’un des patrons de ces agences de renseignement français aurait indiqué au Monde que c’était « alégal » et non illégal.

« La loi française ne prévient rien pour cela. Il y a un vrai Prisme à la française. »

Précisons toutefois qu’il existe une vraie différence avec le système américain validé par des commissions du Congrès en charge du renseignement.

« Officiellement, l’existence de cette base de données est niée car couvert par le secret-défense. Le pouvoir exécutif n’en tient à une négation totale. »

Cette super base de données qui serait nommée « infrastructure de mutualisation » n’est pourtant pas autorisée la loi française.

A vrai dire, la DGSE profiterait d’un vide juridique sur le sujet pour pouvoir exploiter son dispositif en secret sans que le procédé ne soit évoqué devant l’Assemblée nationale (et de manière collatérale devant les médias).

« Voilà des années que nous sommes dans l’autorisation virtuelle. Et chaque agence s’en satisfait. »

Auparavant, L’Express s’était intéressé à un autre projet d’interception des communications. Dont l’exploitation est a priori davantage couverte par la loi.

En mai, le magazine avait dévoilé l’existence de la plate-forme nationale d’interception judiciaires (PNIJ), qui devrait être opérationnelle à partir de septembre.

Elle est présentée comme un système d’écoute et d’identification de tout type d’échanges téléphoniques ou électroniques.

Sa vocation est de « centraliser les réquisitions judiciaires et les écoutes légales mandatées par les juges ».

En fait, il s’agirait d’une fédération de trois plateformes existantes utilisées par les forces de police dans le cadre de leurs enquêtes : STIJ, Cariatide et Primatice.

Le projet technologique serait piloté par le groupe Thales.

« Il y a un vrai ‘Prism’ à la française » par lemondefr

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Crédit photo : Bruce Rolff pour Shutterstock

 

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