Procès Microsoft : Jobs persiste et signe

Mobilité

Steve Jobs entend bien persuader la justice de son pays que la proposition du géant de Redmond pour couper court à la centaine de poursuites en cours contre lesquelles il doit se défendre n’est pas équitable. En résumé : Microsoft peut bien payer en espèces une amende ne représentant que 3 % de son actuelle trésorerie ! Les écoles qu’il entend aider lui en sauront gré.

Le sang de Steve Jobs n’a fait qu’un tour : de son point de vue, la proposition d’accord ajustée par les hordes d’avocats chargés d’un des multiples procès Microsoft ne va toujours pas assez loin en faveur des écoles défavorisées que l’éditeur entend aider (voir édition du 28 novembre 2001) ! « La proposition d’accord de Microsoft oblige les écoles à adopter la technologie de Microsoft. La plupart des éducateurs pensent, avec Apple, que c’est une erreur. Tout accord doit garantir que les écoles ont la liberté de choix, et cela implique que Microsoft paye sa pénalité en espèces et non en logiciels Microsoft qui ne lui coûteront qu’une bouchée de pain. Une pénalité de 1 milliard de dollars représente moins de 3 % des 36 milliards de dollars du trésor de Microsoft », a indiqué Jobs dans une nouvelle tribune détaillant la position de sa société. Le juge Frederick Motz, du district du Maryland, risque d’être bien embêté par ce nouveau coup d’éclat de Steve Jobs dans les négociations en cours. Il a bien demandé que les parties qui pouvaient être affectées par sa décision s’expriment, mais n’en attendait sans doute pas tant de la part d’Apple. La firme a toutefois tout intérêt à souligner les biais d’une proposition débouchant sur une décision de justice qui pourrait augmenter la part de marché de Windows sur un marché largement dominé par la plate-forme Mac ! Reste que la première proposition de Microsoft ressemblait à s’y méprendre à un élan de générosité de la part de l’éditeur : les 14 000 écoles les moins favorisées du pays allaient avoir accès aux hautes technologies ! Il fallait lire entre les lignes. Puisque personne ne s’y colle, Steve Jobs entend le faire jusqu’au bout !

Des PC d’occasion qui pourraient coûter bien cher

La plupart de logiciels que le géant prévoit de donner pour les écoles auxquelles ils seraient destinés tournent sous Windows, sur PC. Un appel du pied un peu trop pressant pour obliger les gestionnaires d’établissements à acheter des PC au lieu de réaliser une réelle évaluation de leurs besoins informatiques. De plus, le plan proposé par Redmond, comporte un autre biais sagement dissimulé : la firme proposait un plan d’équipement des écoles en ordinateurs de seconde main. Une proposition inacceptable selon Apple, car tout plan s’appuyant sur des machines d’occasion cacherait en fait une série de coûts induits insupportables pour les écoles défavorisées en question (mises à jour de composants, mise à niveau des machines, entretien et réparations divers pour vieillissement, etc.). La ligne dure suivie par Steve Jobs dans cette affaire s’apparente à une croisade, si ce n’est à un juste retour des choses. Microsoft s’est souvent appuyé sur l’inexistence de résistance ou de perspicacité de ses interlocuteurs pour s’introduire sur les marchés que la firme domine aujourd’hui.

La condamnation de Microsoft France, un exemple ?

Seules quelques âmes volontaires sont restées animées d’une résistance active. C’est le cas de Raymond Perrin, concepteur d’un logiciel de 3D pillé par Softimage, société rachetée, puis revendue par Microsoft, et qui vient d’emporter un procès contre la filiale de la firme américaine pour contrefaçon. Un jugement du tribunal de Nanterre lui a octroyé 3 millions de francs de dommages et intérêts (lisez tous les détails de l’histoire dans le numéro de janvier de SVM Mac en kiosque le 19 décembre). La démarche de Steve Jobs a donc un précédent représentant 0,000012 % de la trésorerie de Microsoft ! Qui peut le plus, peut le moins !