Robotique : la filière française s’organise pour « chasser en meute »

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Innorobo 2017 : pour porter le développement de la robotique française, des clusters régionaux s’allient au sein d’une fédération.

Montlaur, proche de Toulouse, en région Occitanie. Là se trouve le siège social d’une association loi 1901 qui a choisi d’officialiser sa constitution dans le cadre du salon Innorobo : la Fédération française des clusters de la robotique .

Aquitaine Robotics, Coboteam, Proxinnov, Robotics Place, Réseau 3R : ils sont cinq membres fondateurs à avoir formalisé, ce mardi 16 mai 2017, leur projet FCC voué à accompagner la structuration de la filière nationale.

Les travaux avaient démarré il y a plus d’un an, en collaboration avec le GDR Robotique – rattaché au CNRS – ainsi que des pôles de compétitivité. La Ville de Saint-Quentin et la région Hauts-de-France avaient ensuite rejoint la boucle en tant que partenaires.

Dans cette démarche de rapprochement de clusters régionaux et thématiques, l’impulsion a été donnée par Robotics Place.

Né en 2011 dans la région Midi-Pyrénées, ce réseau revendique 77 membres, dont Airbus et Hyperloop. Il œuvre notamment à la création, au sud de Toulouse, d’un « village robotique et drones » où pourront se regrouper les acteurs du secteur.

Son président Laurent Latorse prend les fonctions de secrétaire général de la FFC. On soulignera qu’il avait succédé, en 2014, à Philippe Roussel, contraint de passer la main après le placement en liquidation judiciaire de sa société Abankos Robotic.

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Robotics Place schématise ainsi son fonctionnement.

Se rendre plus visible

Le même Philippe Roussel, aujourd’hui à la tête de la société PRO Consulting qu’il avait fondée dans la foulée de son départ, s’est vu confier le fonctionnement opérationnel de la fédération, en tant que délégué général.

L’intéressé aura pu prendre la température à l’occasion d’une réunion avec la Direction générale des entreprises (DGE), qui organisait, en parallèle sur le même salon, ses 4es États généraux de la robotique.

La représentativité auprès des pouvoirs publics est l’un des enjeux que porte l’initiative. Marco Calcamuggi le reconnaît d’ailleurs : pour « être plus audible », il faut impérativement « chasser en meute ».

Le président de la FFC est également à la tête d’Aquitaine Robotics.

Créée en juillet 2013 par le Conseil régional d’Aquitaine, l’agence Aquitaine Développement Innovation et l’Institut polytechnique Bordeaux Aquitaine, l’association est basée à Pessac (Gironde). Des entreprises aux utilisateurs en passant par les organismes de recherche et de formation, elle regroupe 82 adhérents.

Le compteur en est à 100 pour Proxinnov, également inauguré en 2013 et qui se présente comme une « plate-forme régionale d’innovation » destinée à « prendre en main les industriels qui ont peu de maturité dans la robotique* ».

Visée nationale…

Soutenu par le Conseil régional des Pays de la Loire, par le Département de la Vendée et par l’Agglomération de La Roche-sur-Yon, Proxinnov est dirigé par Jocelyn Lucas, qui occupe, chez la FFC, le poste de vice-président chargé du développement national.

La question internationale est prise en charge par André Montaud, directeur de Thésame Innovation.

Basé à Aix-les-Bains (Savoie), ce centre européen de compétences spécialisé en mécatronique robotique porte l’action Coboteam, labellisée par Auvergne-Rhône-Alpes depuis le 1er juillet 2015. Il estime que dans la région, « plus de 1 500 entreprises » peuvent être positionnées sur la chaîne de valeur robotique.

Du côté du Réseau 3R (pour « Réseau Robotique Régional »), qui se développe depuis 2012, on mise sur une présence à l’échelle du territoire métropolitain, avec pour l’heure une trentaine d’adhérents.

La SARL Robotique Concept en est à l’origine. Vendant des robots et pièces détachées d’occasion, elle avait, sous l’impulsion de son gérant Patrice Bouteille (trésorier de la FFC), souhaité trouver des spécialistes qui puissent faire la maintenance de chaque marque.

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La Communauté d’agglomération de Saint-Quentin a défini une stratégie de développement économique autour du terme « Robonumérique ».

… et au-delà

Au-delà de la mise en commun des informations relatives à leurs adhérents, les membres fondateurs de la FFC projettent des partenariats avec les syndicats professionnels et les pôles de compétitivité. Ils comptent également assister le développement de clusters dans des régions qui n’en disposent pas encore.

Il s’agira aussi de regarder vers l’international, en repérant les événements auxquels les entreprises bleu-blanc-rouge « ont intérêt à participer ». Le cluster Silicon Valley Robotics constituera un point d’appui sur le marché nord-américain, tandis que le lien sera fait avec EU Robotics au niveau européen. L’objectif étant, comme le confirme Marco Calcamuggi, d’être « plus dans l’opérationnel que les pôles de compétitivité, davantage marqués R&D ».

L’accent sera mis sur le développement des intégrateurs, qui font l’interface entre les constructeurs de robots et les clients finaux. Et plus globalement sur les relations des entreprises avec les grands donneurs d’ordres.

* La robotique « industrielle » (systèmes automatisés qui interviennent dans la fabrication sur les chaînes de production industrielles ou artisanales) est à distinguer de la robotique « de service », qui regroupe tout le reste, des robots de téléprésence aux véhicules autonomes.

[De gauche à droite en illustration : Philippe Roussel, Laurent Latorse, Jocelyn Lucas, Marco Calcamuggi, André Montaud et Patrice Bouteille]

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