Telegram : comme un parfum d’ICO… sans crypto-monnaies

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Le service sécurisé de messagerie Telegram aurait dans ses cartons un projet de blockchain qui pourrait être financé par une ICO… uniquement en monnaies fiat.

Développer, autour d’une application de messagerie instantanée, une économie de services décentralisée fondée sur une crypto-monnaie : cette promesse avait permis à la société canadienne Kik de réunir, l’an dernier, près de 100 millions de dollars dans le cadre d’une ICO.

Depuis quelques semaines, il se dit que Telegram pourrait suivre la même voie, avec un projet similaire… mais en levant une somme beaucoup plus importante.

Les premières informations sur ledit projet étaient apparues le 21 décembre 2017 sur le compte Facebook d’Anton Rozenberg, ancien employé de la firme basée à Berlin.

L’intéressé avait posté un lien vers une vidéo promotionnelle dont une version actualisée (voir ci-dessous) avait fait surface peu après.

La vidéo en question avait permis d’entrevoir le « Telegram Open Network » : un registre décentralisé basé sur une blockchain capable de traiter des millions de transactions à la seconde, avec une moindre consommation d’énergie, entre autres grâce à l’utilisation d’un protocole de consensus par preuve d’enjeu (Proof-of-stake, où la quantité de crypto-monnaie possédée détermine la capacité à valider des blocs).

Le média spécialisé Cointelegraph avait repris ces informations, tout en affirmant que la crypto-monnaie qui allait circuler sur cette blockchain serait nommée « Gram ».

Interrogé par des internautes dubitatifs, Pavel Durov, principal dirigeant de Telegram et créateur de l’application avec son frère Nikolai, n’avait apporté ni confirmation, ni démenti. Il avait néanmoins rappelé que toutes les annonces officielles de la société se faisaient sur le site telegram.org, et non sur « des scams comme tgram.cc », né dans le flot des rumeurs.

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Bitcoins non acceptés ?

Deux semaines plus tard, toujours pas d’ICO officialisée, mais on en reparle après les confidences de TechCrunch, qui dit avoir pu consulter une partie du livre blanc de 132 pages associé au projet.

Il serait question d’émettre 200 millions de Grams, exclusivement contre des monnaies fiduciaires (fiat ; exit, donc, le bitcoin, l’ether et consorts).

Une première tranche pourrait permettre de lever jusqu’à 500 millions de dollars, sous la forme d’une prévente auprès d’institutionnels, qui devraient, à moins d’être dans le cercle de confiance de Pavel Durov, mettre un ticket d’au moins 20 millions de dollars.

Plusieurs sociétés auraient déjà manifesté leur intérêt… dont le groupe Internet Mail.ru, qui connaît bien les Durov pour avoir pris le contrôle de leur réseau social VK (le « Facebook russe ») après des dissensions avec le Kremlin sur la communication de données personnelles d’utilisateurs.

La phase d’ICO pourrait démarrer en mars. En incluant la prévente, l’opération pourrait permettre de distribuer jusqu’à 44 % des Grams – Telegram en réservant 4 % à son équipe de développeurs (avec une période d’acquisition de 4 ans) et « au moins 52 % pour éviter la spéculation ». La capitalisation totale de la crypto-monnaie pourrait se situer entre 3 et 5 milliards de dollars.

Telegram peut miser sur une communauté de 180 millions d’utilisateurs actifs, pour 70 milliards de messages traités par jour avec sa messagerie chiffrée objet de blocages gouvernementaux réguliers dans le monde (dernièrement en Iran).

Le Telegram Open Network verrait le jour début 2019, après la mise en place, fin 2018, de portefeuilles électroniques qui permettraient de stocker aussi bien des devises fiat que des crypto-monnaies.

Au-delà des transactions financières avec un système de micropaiements « off-chain », on se dirigerait vers une place de marché de services décentralisés adaptés aux terminaux mobiles. L’écosystème comprendrait également un système de DNS pour attribuer des noms aux nœuds de la blockchain… ou plutôt des blockchains : jusqu’à 292, capables de se segmenter et de fusionner en fonction de la charge.

L’infrastructure ne serait pas totalement décentralisée, tout du moins au démarrage, précisément pour pouvoir assure une capacité de montée en charge.

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