Tony Fadell : de Google à Station F pour détecter les « deep tech »

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Depuis son départ de Google à la mi-2016, le fondateur de Nest a posé ses valises à Paris pour accompagner, avec sa structure Future Shape, l’innovation de rupture.

Que devient Tony Fadell depuis son départ de Google* à la mi-2016 ?

L’ingénieur-entrepreneur, connu pour avoir participé à la conception du baladeur numérique iPod, a traversé l’Atlantique pour s’installer à Paris.

Il se concentre désormais sur un projet dont il avait posé les premiers jalons à la fin des années 2000 alors qu’il s’apprêtait à quitter Apple : Future Shape.

Trois de ses anciens collaborateurs au sein de la start-up Nest – fondée en 2010 et tombée début 2014 dans le giron de Google pour 3,2 milliards de dollars – l’accompagnent dans cette aventure : Vicky Lu (qui était son bras droit), Anton Oenning (directeur marketing) et David Sloo (responsable expérience utilisateur).

Ici Paris

Financé exclusivement par Tony Fadell, Future Shape intervient essentiellement en amorçage pour accompagner les porteurs de projets « deep tech ». En d’autres termes, de technologies de rupture, par opposition aux « low tech », qui créent des produits ou services à partir de technologies existantes.

Des transports à l’agroalimentaire en passant par la médecine, la finance et la robotique, la structure vise large, essentiellement en Europe et aux États-Unis, sans exclure le Moyen-Orient et l’Asie-Pacifique.

Tony Fadell, qui y a regroupé certaines de ses participations prises à titre individuel, refuse de parler de « fonds d’investissement ». Il l’a réaffirmé la semaine passée lors de la soirée French Tech organisée à Station F, où Future Shape dispose d’un espace.

Dans un entretien avec VentureBeat, il est revenu sur son « envie d’ailleurs » après 26 ans passés dans la Silicon Valley, en faisant la comparaison avec les artistes qui « changent d’air pour trouver l’inspiration ».

Le déclic Station F

Sorti de la maison Apple en même temps que son épouse, il avait posé une première fois ses valises dans la capitale française en 2009.

À l’époque, il lui avait été difficile d’entrer en contact avec des entrepreneurs (« Tout n’était que grands groupes »), mais les quelques mois passés sur place lui avaient permis de rencontrer Xavier Niel.

Les deux hommes se sont régulièrement revus depuis lors, jusqu’à un passage à l’école 42 et une discussion sur ce qui allait devenir Station F.

Percevant une effervescence entrepreneuriale, Tony Fadell décide de se positionner « aux avant-postes » pour accompagner l’émergence d’un « champion français », en lien avec une poignée de « super angels » qui ont braqué leurs radars sur les deep tech.

Pour l’heure, les start-up que Future Shape met en avant sur son site Internet sont implantées aux États-Unis. Elles développent des micro-LED (Rohinni), des biotextiles (Modern Meadow) et des semi-conducteurs thermoélectriques (Phononic).

Un monde de conflits

Certaines participations sont particulièrement délicates à gérer. Keyssa en est un exemple.

Après son départ de Google, Tony Fadell a soutenu cette start-up californienne dont les technologies permettent à des terminaux mobiles d’interagir avec des périphériques sans utiliser de connexions filaires ou de liaisons radio standardisées, le tout avec des débits accélérés.

Si Samsung et Foxconn ont signé des accords stratégiques pour en faire une fonctionnalité standard dans les nouvelles générations d’appareils mobiles, les relations avec Essential Products sont plus tendues.

Keyssa a récemment déposé plainte contre cette société derrière laquelle on trouve une autre personnalité de la Silicon Valley : Andy Rubin, l’un des pères d’Android.

Essential est accusé d’avoir brisé des discussions confidentielles sur le design de son smartphone PH-1, qui exploite finalement une autre puce que celle de Keyssa pour assurer le transfert de données avec un module caméra.

Il lui est surtout reproché d’avoir conservé certaines technologies, des modèles d’antennes aux connecteurs sans fil en passant par les méthodes de test des smartphones sur la ligne de production.

* Tony Fadell n’avait pas donné de raison particulière à son départ. Une enquête de Business Insider avait révélé des malaises au sein de Nest, en termes de management, de gestion des effectifs et de produits défectueux.


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