UMTS : les opérateurs ont du mal à payer

Mobilité

Alliances, rachats, emprunts, restructurations, ouverture du capital, tous les moyens sont utilisés par les opérateurs pour se positionner sur les marchés de la téléphonie de troisième génération. Pourtant, cela ne suffit pas et beaucoup renoncent déjà à se positionner sur certains marchés. Trahis par les sirènes des nouvelles technologies ?

La facture à payer concernant l’UMTS se fait déjà lourdement sentir. Les opérateurs commencent en effet à réaliser qu’il ne sera peut être pas si aisé que cela de rembourser une licence de plusieurs milliards d’euros. En pleine période d’enchères européennes, plusieurs candidats font marche arrière et font peut-être preuve d’un peu plus de réserve qu’en début de période avec les marchés anglais ou allemand. A moins qu’ils ne se réservent pour les grands marchés comme celui de la France.

Les enchères suisses désertées

Les enchères italiennes ont ainsi vu le retrait, deux jours après leur ouverture, de l’opérateur Blu. Deutsche Telekom, plus prudent s’était quant à lui finalement retiré avant l’ouverture des enchères. Aujourd’hui, l’opérateur allemand se retire du marché mobile suisse. La raison de cette double absence est bien évidemment le coût de l’UMTS. Déjà très endetté par l’acquisition de licences UMTS au Royaume-Uni et en Allemagne, le groupe doit supporter le coût de sa stratégie d’expansion aux Etats-Unis. Le rachat prévu de l’opérateur mobile Voicestream, actuellement en cours de finalisation, devrait lui coûter 50,7 milliards de dollars. Dans des déclarations faites il y a quelques jours, son président, Ron Sommer, estimait qu’il leur fallait d’abord « digérer » les opérations en cours, plutôt que se lancer dans de nouveaux investissements. Trois autres candidats ont renoncé à participer aux enchères suisses : l’opérateur norvégien Telenor, le conglomérat de hongkongais Hutchison Whampoa et enfin Cablecom Management, la filiale locale de l’opérateur de câble américain NTL. A voir le recul d’un gros opérateur comme Deutsche Telekom, on peut certainement en conclure que nombre d’entre eux avaient mal évalué le prix des licences et qu’elles leur reviennent finalement plus cher que prévu.

Certains candidats à l’UMTS recherchent des partenaires financiers

Diax, le troisième opérateur de téléphonie mobile suisse, préfère, plutôt que de se retirer ou de « plomber » ses résultats en y allant seul, chercher un partenaire financier afin de participer aux enchères de licences UMTS, mentionne le Financial Times. Swisscom et Orange Communications ont d’ores et déjà trouvé des investisseurs pour prendre part au processus d’attribution des licences de téléphonie de troisième génération. Le poids de l’UMTS contraint ainsi les opérateurs à présenter un consortium plutôt que de faire cavalier seul.

L’appel aux marchés reste inéluctable pour nombre de ces opérateurs, confrontés au lourd financement de l’UMTS. Et malgré la dégradation des valeurs télécoms sur les places boursières, les opérateurs européens continuent de recourir aux marchés pour lever des fonds. L’Espagnol Telefonica place en Bourse aujourd’hui 8,92 % de sa filiale de téléphonie mobile Telefonica Moviles. Cette augmentation de capital devrait lui rapporter entre 3,8 à 4,6 milliards d’euros. D’autres opérateurs devraient faire de même, à l’image de l’Autrichien Telekom Austria, du Néerlandais KPN, du Norvégien Telenor, ainsi que de Portugal Telecom qui ont procédé ou vont procéder à la mise en bourse d’une partie de leurs avoirs.

British Telecom a lourdement investi sur l’UMTS

L’actualité de ces derniers jours a été marquée par British Telecom qui avouait ses difficultés financières largement dues à l’UMTS. « Nous effectuons de gros investissements dans les mobiles 3G », a déclaré Peter Bonfield, directeur général de Bristish Telecom. « Nous prévoyons que ces investissements commenceront à porter leurs fruits d’ici deux à trois ans. » En attendant, Bristish Telecom vient d’annoncer un vaste plan de restructuration. L’opérateur britannique espère ainsi réduire d’un tiers, d’ici un an, une dette qui s’élève à près de 50 milliards d’euros. Le groupe précise qu’il introduira en Bourse jusqu’à 25 % sa branche mobile BT Wireless au second semestre 2001. Par ailleurs, BT regroupera ses activités Internet au sein d’une société indépendante, NetCo, dont 25 % du capital seront rapidement mis sur le marché.

France Télécom n’est pas en reste, puisque l’opérateur historique espère lever 14 milliards d’euros suite à l’entrée en Bourse de New Orange, sa filiale mobile composée d’Orange et de France Télécom Mobiles. Initialement prévue ces jours-ci, cette introduction a finalement été reportée début 2001 par l’opérateur français. Nul doute que l’introduction de la filiale de Telefonica lui servira de test. En France, les opérateurs candidats s’apprêtent à payer 32,5 milliards de francs chacun pour une licence sur le territoire français. Ils ont sûrement déjà commencer à faire des économies…