Dix propositions pour sauver l’industrie du jeu vidéo en France

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Reconnaissance d’un statut spécifique, aides au financement de projets et formation sont les principaux axes des propositions présentées par les industriels de la production de jeu vidéo au Premier ministre pour sauver ce qui reste du secteur.

A l’occasion de la visite d’un studio de création de jeu vidéo fin 2002 (voir édition du 18 novembre 2002), le Premier ministre avait incité les acteurs du secteur à lui faire part d’une série de propositions afin d’assurer la survie de la création numérique ludique française. C’est chose faite. L’Apom (Association des producteurs d’oeuvres multimédias) a remis à Matignon, fin mars, ses « 10 propositions pour le développement durable de l’industrie des loisirs électroniques en France ».

« Ces propositions visent à favoriser les facilités de financement de la création originale (financement des pré-productions), à refondre les procédures d’aide à la recherche et développement, à inciter les éditeurs internationaux à travailler avec des studios français (diminution du risque via les fonds de co-production) et à faire reconnaître le jeu vidéo comme une industrie culturelle à part entière », précise Antoine Villette, Président de l’Apom, sur le site Web de l’association. Trois grands axes se dégagent donc de ces propositions : le statut des entreprises de jeu vidéo, leur financement et leur pérennité à travers la formation des nouvelles générations.

Un statut spécifique à l’industrie

Côté statuts, l’Apom demande que ses membres, et le secteur de la création ludique numérique en général, bénéficient de la « politique en faveur de l’innovation » établie par Nicole Fontaine, ministre déléguée à l´Industrie, et Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies. Cette politique prévoit notamment un cadre fiscal favorable aux « entreprises innovantes ». Une demande légitime et prématurée puisque le texte est en cours de consultation publique. Dans le même esprit, l’Apom suggère la création d’une commission mixte entre les représentants des salariés et le ministère du Travail afin de définir un statut spécifique aux travailleurs de l’industrie du jeu vidéo.

Mais la reconnaissance ne suffira pas à sauver le secteur sans une vraie politique d’aide aux investissements. A commencer par l’éligibilité des entreprises de jeu vidéo aux fonds d’aides de l’Anvar (l’Agence française de l’innovation) et du RIAM (Recherche et Innovation en Audiovisuel et Multimédia) qui dépend du Centre national de la cinématographie (CNC). Ces aides publiques permettent souvent de pouvoir amorcer la réalisation d’un projet et, notamment, de favoriser les tours de table. En revanche, l’industrie, qui bénéficie du FAEM (Fonds d’Aide à l’Edition Multimédia) également sous contrôle du CNC, demande à porter son montant de 6 à 10 millions d’euros sur un an. Le FAEM bénéficie essentiellement aux créateurs (Web, multimédia, jeu vidéo…).

Avance sur recettes

Par ailleurs, l’Apom suggère la création d’un fonds d’avance de préproduction à la manière de l’avance sur recette pour les productions cinématographiques. Parmi plusieurs propositions, ce fonds pourrait être alimenté par une perception de la taxe sur la copie privée appliquée aux CD vierges notamment (voir édition du 22 décembre 2000). Encourager le partage du risque financier à travers des coproductions, internationales notamment, est une autre proposition de sources de financement. Ce partage du risque serait alors encouragé grâce aux aides régionales et locales qui rendraient les studios français plus compétitifs et ainsi plus attractifs pour les éditeurs. Enfin, l’Apom met en avant la nécessité de formation à travers la création d’une école nationale des médias interactifs et la découverte du jeu vidéo à travers l’organisation d’un festival européen annuel de la création vidéo ludique ouvert au grand public.

Créée en février 2002, l’Apom regroupe 80 % des créateurs français de jeux vidéo à travers une trentaine de membres. On y retrouve des éditeurs/producteur comme Ubi Soft, des créateurs, notamment spécialisés en animations Flash comme Team Chman, mais aussi des éditeurs de solutions de création 3D comme Virtools. Selon le site OverGame, le Premier ministre pourrait donner sa réponse le 19 avril prochain, à l’occasion de la Gamers Assembly 4, qui se tiendra au Futuroscope de Poitiers.