PowerMac G5 : des performances sous haute surveillance !

Mobilité

Immédiatement après sa présentation, le PowerMac G5 a fait l’objet d’une polémique sur ses performances. La série de tests réalisée par le cabinet Veritest aurait été réalisée sur des machines « optimisées ». Autre pique : les caractéristiques du Mac ne seraient pas révolutionnaires… Des critiques qui montrent combien la guerre du 64 bits risque d’être meurtrière !

Le PowerMac G5 (voir édition du 24 juin 2003) semble combler l’abysse qui séparait Mac et PC en termes de performances. « Nous avons fait comparer notre machine par un cabinet indépendant avec PC les plus rapides », précisait en substance le p.-d.g. d’Apple sur la scène de la WWDC lundi soir. Veritest, qui a réalisé le benchmark, précise dans son comparatif que les ordinateurs testés (un PC tournant sous Intel Xeon biprocesseurs à 3,06 GHz, un PC fonctionnant sur Pentium 4 à 3 GHz, et un PowerMac G5 biprocesseurs à 2 GHz), ont été spécialement « préparés », à la manière des voitures de Formule 1 avant chaque course. Si l’on s’en tient aux résultats publiés, les comparaisons des tests SPEC montrent que le PowerMac rattrape à peine les PC sur les calculs en intégré, mais les dépasse pour ce qui est des calculs en virgule flottante. Traduction : pour les simples travaux courants telle la bureautique, le nouveau Mac n’apporte pas plus qu’un PC. Mais pour toutes les applications nécessitant des calculs compliqués, il s’avère difficilement égalable. Une polémique a déjà éclaté à ce sujet sur Internet. Sur le site haxial.com, une première critique entre en profondeur dans les détails techniques pour en déduire que Veritest a « truqué » les caractéristiques du comparatif, aidé en cela par Apple ! Sans entrer dans les détails des griefs, le compilateur utilisé (GCC 3.3 – GNU C compiler ? Compilateur GNU en C) serait optimisé pour le Mac, le moteur vectoriel d’Intel SSE2 n’aurait pas été utilisé sur les puces pour PC, et une bibliothèque spécifique (intitulée malloc) donnerait un avantage au G5 . Conclusion de l’auteur de cette critique : le PowerMac G5 n’est pas l’ordinateur le plus puissant du monde. Greg Joswiak, le responsable machines d’Apple a répondu à ces accusations en précisant que la « préparation » des machines avait été nécessaire justement pour ne pas biaiser les résultats. Apple et Veritest ont choisi GCC pour disposer du même compilateur sur PC et Mac. Selon Joswiak, interrogé par le site Slashdot, il n’en existe pas d’autre disponible pour les deux plates-formes, qui n’aurait désavantagé les PC testés selon la méthodologie SPEC. Il a même concédé que les PC testés auraient tourné plus vite avec le compilateur Intel, en précisant toutefois que cela aurait été similaire pour le Mac avec un autre compilateur (les derniers PowerPC testés sous SPEC en 1997 l’ont été avec un compilateur d’IBM). Le moteur vectoriel d’Intel, quant à lui, a bien été utilisé, tandis que la bibliothèque malloc est celle fournie en standard sur les PowerMac G5.

Les fans d’AMD en veulent à Apple

Mais une autre critique s’est également fait jour : le site AMD Zone reprend point par point les « avancées supposées » du PowerMac G5 pour les démonter une à une . En substance : le G5 n’est pas la première puce 64 bits, ni la première puce lancée à 2 GHz ; le système d’exploitation n’est pas optimisé pour le processeur ; le bus dédié à 1 GHz n’est pas le premier sur le marché ; les 8 Go de mémoire disponibles sont dépassés par les 16 Go dont dispose l’AMD Opteron ; l’AGP 8X Pro est utilisé depuis des mois sur le marché du PC, tout comme le bus PCI-X, ou le S-ATA… La liste des griefs est longue. La raison en est simple : les aficionados d’AMD reprochent à Apple de passer sous silence les apports technologiques d’AMD utilisés par la Pomme, comme HyperTransport. Le fondeur fournit depuis quelques semaines son processeur Opteron (lui aussi une puce 64 bits), qui utilise toutes les technologies décriées (voir édition du 18 avril 2003). Seul hic, qui biaise le point de vue d’AMD Zone : les systèmes vendus sont des stations de travail ou des serveurs. Or Apple propose le PowerMac G5 en tant qu’ordinateur de bureau. Autant comparer des navets à des carottes ! Reste qu’il va falloir attendre quelques semaines (le PowerMac G5 sera livré à partir d’août) pour disposer des premiers comparatifs entre Mac et PC sur des applications réelles, et pour savoir si Apple n’exagère pas un peu.

Une concurrence jalouse ?

Une chose est sûre après l’émergence de ces critiques acerbes : la concurrence n’a pas aimé que Cupertino porte la bataille sur le terrain des puces 64 bits. Bourrage de crâne marketing ou véritable menace dans la course à la puissance ? Signalons au passage que si Apple peut se permettre une transition douce du processeur G4 32 bits au G5 64 bits, ce n’est pas le cas pour les PC, qui vont devoir faire un choix douloureux (voir édition du 21 février 2003) entre une solution proposée par AMD (l’architecture x86 32-64) et une autre, celle d’Intel (le Pentium Prescott et l’Itanium). Adieu alors la bien belle « compatibilité » entretenue jusqu’alors sur les PC : les applications développées pour AMD ne seront pas optimisées pour Intel et vice-versa. Sur le champ de bataille des puces 64 bits pour ordinateurs personnels, tous les constructeurs vont devoir faire leurs preuves. Du coup, la Pomme a de bonnes chances de tirer son épingle du jeu. Difficile de ne pas comprendre que cela fasse grincer des dents…