Bruxelles pose la question de la confiance envers les algorithmes

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Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager fait de la confiance envers les algorithmes l’un de ses grands chantiers de court terme.

« Avant de les lâcher, on devra leur apprendre le droit. »

Eux, ce sont les algorithmes, vus sous le prisme de Margrethe Vestager.

La commissaire européenne à la Concurrence s’est entretenue avec Recode le mois dernier à l’occasion du Web Summit de Lisbonne.

Elle a laissé entendre que la confiance envers la technologie serait son prochain chantier d’envergure, plus de trois après sa prise de fonction.

Sa crainte concernant les algorithmes : qu’ils reproduisent des pratiques telles que celles du « cartel des camions », composé de six constructeurs auxquels Bruxelles a infligé, l’an dernier, près de 3 milliards d’euros d’amende pour s’être, entre autres, entendus dans l’optique de retarder l’introduction de technologies limitant les émissions de dioxyde de carbone.

La Commission européenne prête aussi, affirme Margrethe Vestager, une attention particulière aux entraves à la concurrence qui pourraient résulter de certaines opérations de fusion-acquisition impliquant de larges volumes de données. On en a eu l’illustration avec le rapprochement entre Microsoft et LinkedIn, validé il y a tout juste un an.

« Le paradoxe d’un marché libre, c’est que parfois, vous devez intervenir », résume l’intéressée, en poursuivant : « Les plates-formes sous-estiment parfois leur puissance ».

Et d’appeler à une évolution du régime de taxation des sociétés, « mis en place à l’époque où avoir une activité dans un pays signifiait avoir une présence physique ».

Considérant que les Paradise Papers ont, dans la lignée des Panama Papers, favorisé une prise de conscience de l’opinion publique, Margrethe Vestager exige qu’Apple, Google et consorts fournissent des rapports d’activité pays par pays au niveau de l’Union européenne.

Elle compte aussi « responsabiliser » les autorités qui « permettent à certaines entreprises de ne pas payer leurs impôts ». À commencer par le gouvernement irlandais, auquel Apple a été prié de rembourser quelque 13 milliards d’euros perçus au titre d’aides d’État illégales.

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