En ciblant le peer-to-peer, Hadopi fait décoller MegaUpload

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La mise en œuvre de la loi Hadopi a eu une conséquence visible : les habitués du téléchargement illégal sont passés des réseaux de P2P au direct download, en utilisant notamment des sites comme MegaUpload.

Tout le monde l’avait prédit, mais les décideurs politiques ont fait fi de ces arguments.

En voulant contrôler les réseaux P2P (peer-to-peer), l’Hadopi mise en place après le vote de la loi éponyme a encouragé involontairement la progression d’autres outils de téléchargement de contenus, non surveillés par Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet.

Selon Le Figaro, qui reprend des chiffres de ComScore, des sites de téléchargement direct ont connu un essor phénoménal. L’un des plus célèbres d’entre eux, MegaUpload, aurait ainsi vu défiler pas moins de 7,4 millions d’internautes français.
Le téléchargement direct (DDL) consiste à récupérer des fichiers hébergés sur une infrastructure centralisée et donc contrôlée par une entité. A contrario, le peer-to-peer permet d’échanger directement des fichiers entre ordinateurs sans passer par un serveur central.

Ces sites de téléchargement, tous hébergés à l’étranger, sont bien souvent détournés de leur usage principal et servent pour bon nombre d’entre eux à récupérer des fichiers protégés (musiques, films, etc). Le système permet donc d’échapper aux radars de I’Hadopi.

Les fournisseurs d’accès ferment les vannes

Si cette évolution des comportements a complètement échappé aux parlementaires, les fournisseurs d’accès sont au cœur de cette explosion du téléchargement.

Selon nos informations, les besoins de bande passante augmentant considérablement, les abonnés non-dégroupés de plusieurs FAI français verraient leur débit réduit lorsqu’ils utilisent ces sites de téléchargement.

Un membre de la communauté des opérateurs explique que « cela tient essentiellement au fait que le coût de la collecte IP-ADSL (CIPA) implique nécessairement un bridage au risque de faire exploser les coûts de bande passante, et surtout, de saturer complètement des infrastructures de collecte déjà très engorgées dans certaines zones ».

Cette évolution ne devrait plus échapper pour longtemps à l’Hadopi qui cherche à tout prix à « savoir ce qu’il se passe » sur les réseaux. Cette volonté de contrôle passe nécessairement par l’inspection des réseaux.

« Nous sommes en train de travailler sur la mise en place d’une observation totalement anonymisée pour avoir des données quantitatives pour savoir ce qu’il se passe sur les réseaux » , a expliqué Eric Walter, le secrétaire général de l’Hadopi à PCInpact.

Mais de nombreuses voix s’élèvent et craignent que le protocole d’inspection de réseaux Deep Pack Inspection (DPI) ne vienne porter atteinte à la confidentialité des informations et à la neutralité des réseaux.

Et pour cause : le DPI est utilisé à grande échelle en Iran, en Chine et en Birmanie pour contrôler les échanges et ainsi censurer les éventuels opposants aux différents régimes en place.

En attendant, une troisième mouture de la loi française dédiée à la protection des œuvres sur Internet est dans les cartons

Malgré les lois anti-P2P, BitTorrent se porte bien
Alors qu’eMule est au bord du gouffre tant le nombre d’utilisateurs s’est considérablement réduit, la société BitTorrent Inc., qui édite le système éponynme, vient d’annoncer dans un communiqué de nouveaux records tendant à prouver que son protocole reste le plus populaire du moment.

Les deux logiciels officiels édités par la société (les clients BitTorrent Mainline et µTorrent) auraient totalisé plus de 100 millions d’utilisateurs par mois. Ce chiffre ne prend pas en compte les autres clients indépendants pour PC, Linux ou Mac. Si BitTorrent sert « involontairement » à échanger des fichiers protégés par le droit d’auteur, la société éditrice peut se targuer d’œuvrer à la construction d’une offre légale avec notamment des éditeurs de contenus.