Libéralisation des extensions : le grand déballage de l’ICANN

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L’ICANN a reçu 1930 dossiers de candidats pour gérer des nouveaux suffixes émanant de groupements pros, de marques ou de groupes IT. Une grosse machine se met en branle sur le marché des noms de domaine.

L’ICANN vient de livrer la liste des extensions génériques (gTLD en anglais) potentielles qui ont fait l’objet d’un dépôt de dossiers.

L’instance en charge de superviser le nommage sur Internet (de droit californien) a révélé qu’elle avait reçu 1930 dossiers de candidats à la gestion de nouveaux suffixes entre janvier et mai.

La seule étape du dépôt d’un dossier auprès de l’ICANN étant facturée 185 000 dollars, le démarrage du processus de libéralisation des extensions a permis d’engranger plus de 357 millions de dollars (hors frais annuels de 25 000 dollars).

La moitié des dossiers provient d’Amérique du Nord (911). 675 dossiers ont pour origine l’Europe (une cinquante pour la France). Le reste est éparpillé entre la région Asie-Pacifique (303), l’Amérique latine (24) et l’Afrique (17).

La dimension IDN (Internationalized domain name) a été prise en compte : 116 des dossiers déposés concernent des noms de domaine ne sont pas en alphabet latin. Autre détail : 66 dossiers concernent des noms géographiques (comme .paris ou .zurich).

Le plus intéressant est de savoir quelles sont les extensions de noms de domaine déposées et qui sont les candidats ?

Généralement, des grandes marques ou enseignes ont pris une « position réflexe » de protéger leur propriété intellectuelle comme Hermès, Airbus, Baidu, Kinder, Ferrero, Symantec, VeriSign…

Des sociétés Internet, des grandes organisations professionnelles ou des pros dans la gestion des noms de domaine ont pris position sur des extensions génériques : .mail, .law, .love, .radio ou .sucks (!).

En termes de profils de candidats, Amazon et Google se retrouvent souvent dans la liste.

Des poids lourds du Web qui ne se retrouvent pas forcément en concurrence frontale (remarquons néanmoins un intérêt commun au .you).

Globalement, on sent bien une certaine appétence de leur part pour explorer le potentiel de ce nouveau business gTLD.

Autant dire qu’il faut s’attendre à une explosion de nouvelles adresses Web si les extensions génériques sont validées par l’ICANN.

On devrait assister à une première vague de nouveaux préfixes en exploitation à partir de d’avril 2013.

Mais, d’abord, l’ICANN doit homologuer les candidatures, procéder à la sélection du meilleur dossier en cas de prise de position sur une même extension et gérer les litiges (contestation d’une extension visée par un tiers).

Un chantier énorme pour changer la face du World Wide Web.

Avec des enjeux de sécurité qu’il faudra prendre en compte au regard des changements structurels que le processus de l’ICANN implique (multiplication des profils de registry dans le monde).

Liste des candidatures déposées à l’ICANN dans son intégralité : c’est par ici.

A consulter également : interview Stéphane Van Gelder (ICANN) : « Extension générique : la propriété industrielle au coeur des appréhensions » (Itespresso.fr, janvier 2012)

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