Richard Stallman : faudra-t-il « s’extraire du numérique » pour défendre la liberté ?

Marketing

Le rôle du Web en faveur de la liberté et la défense de la démocratie n’est pas forcément évident avance Richard Stallman. Il dresse un état des lieux des 9 menaces contre la liberté numérique.

Le vote électronique, la Hadopi et le droit des locataires du Net

Plus dangereux pour la démocratie, la septième menace est le vote électronique.

« L’utilisation des ordinateurs pour les élections est dangereuse car ils sont impossibles à contrôler. »

Même un logiciel libre est finalement sous la coupe de celui qui l’utilise (c’est son intérêt). Mais dans le cas d’une élection, « le système traditionnel consiste à ne faire confiance à personne, car n’importe qui pourrait vouloir truquer une élection. »

Car même si les machines à voter sont sous licence libres, il est impossible de vérifier le code finalement inclut la machine, le jour de l’élection. Le mieux est donc de rester au papier, dépouillé en public.

Huitième menace : la lutte contre le partage des produits culturels. Voilà un cheval de bataille plus populaire en France que de boycotter les Facebook, Windows et autres Spotify.

Appelé « piratage » de l’autre côté du débat, le partage ne coûte rien à celui qui a créé l’œuvre, et favorise la créativité de tous, assure Richard Stallman, qui reste favorable à la propriété intellectuelle des œuvres d’art.

« La copie et le partage des œuvres est très utile et doivent être autorisés. […] Il faut soutenir les artistes, mais de manières compatible avec le partage. »

Le militant propose deux solutions : une licence globale, dont les fruits sont répartis entre les artistes en fonction de la « racine cubique de leur popularité, mesurée par sondage« .

De cette manière, un artiste 1000 fois plus populaire qu’un autre ne touchera que 10 fois plus d’argent, et tous les artistes professionnels pourraient vivre de leur art.

Autre proposition : un paiement volontaire. « Si chaque lecteur multimédia a un bouton permettant d’envoyer en un clic de l’argent aux artistes, ceux qui en ont les moyens et aiment ce qu’ils écoutent donneront volontiers. »

Mais les maisons de disque ne trouveront pas leur rédemption aux yeux du défenseur du libre. Il leur reproche d’avoir financé les lobbies à l’origine de toutes les lois contre le piratage à travers le monde.

Enfin, neuvième et dernière menace, la précarité de ce qui est fait sur Internet.

Sur le Net, diffuser ses idées ou collecter de l’argent est totalement dépendant de la collaboration d’entreprises privées, contrairement au monde physique (tout le monde a le droit de distribuer des tracts dans la rue et de solliciter des dons en cash).

FAI, registrars, hébergeurs, services de paiement… « Ils peuvent tous couper ton service de façon arbitraire, et le font. »

L’exemple par excellence est encore une fois Wikileaks, proche de la faillite après un blocus financier, et qui a du se battre pour retrouver un hébergeur et ses noms de domaine. Un exemple de censure privée, sans aucune intervention de la justice.

« Il faut des lois pour assurer que quand tu loues un logement ou une boutique virtuelle, tu as droit à ce service tant que tu paies le loyer« , conclut Richard Stallman.

 

Logo : © IKO – Fotolia.com

Lire aussi :