Vivendi inflexible : SFR se rapprochera de Numericable

Régulations
sfr-numericable-vivendi

Vivendi a tranché. L’offre de Numericable sur SFR à 13,5 milliards d’euros collerait davantage aux intérêts de tous : secteur télécoms, clients et salariés SFR, actionnaires groupe.

Dans la journée de samedi, Vivendi a mis fin au suspense concernant le sort de SFR. Le conseil de surveillance du groupe, présidé par Jean-René Fourtou, maintient son choix  : Altice/Numericable a le feu vert pour s’emparer de SFR. Malgré l’insistance du groupe Bouygues qui a surenchéri à de multiples reprises pour tenter d’avoir le dernier mot et les pressions politico-économiques, le câblo-opérateur est parvenu à maintenir l’attention du groupe Vivendi à l’issue de la période de négociation exclusive.

Pourtant, le prix final proposé par Numericable est moins attractif que celui de avancé par le groupe de Martin Bouygues : 13,5 milliards d’euros (et un complément éventuel de prix de 750 millions d’euros) pour le premier contre 15 milliards pour le second (avec des appuis de groupes ou d’organisations comme AXA, CDC, JC Decaux, Familles Dassault et Pinault…et des garanties financières en cas de soucis avec les autorités de régulation de la concurrence).

Après un « examen attentif des offres » et « au terme de débats approfondis », le conseil de surveillance de Vivendi a décidé, à l’unanimité, de retenir l’offre d’Altice/Numericable « qui correspond au projet industriel le plus porteur de croissance, le plus créateur de valeur pour les clients, les salariés et les actionnaires, et répondant le mieux aux objectifs du groupe », selon le communiqué du conglomérat qui cherche à se recentrer sur l’univers des médias et à se désengager de celui des télécoms.

Numericable – SFR : valeur totale supérieure de 17 milliards d’euros selon Vivendi

Plusieurs arguments sont mis en avant par Vivendi pour expliquer ce choix crucial : « la qualité du projet industriel Altice/Numericable qui repose sur une convergence mobile-fixe », « la pérennité de l’emploi »,  « les risques de concurrence » et « la valorisation pour Vivendi ». L’option Altice/Numericable présentée comme « la mieux équilibrée entre le numéraire reçu immédiatement et la participation en titres lui permettant de bénéficier de la valorisation totale la plus élevée ».

Dans le nouvel ensemble Numericable – SFR « d’une valeur totale supérieure à 17 milliards d’euros », Vivendi devrait conserver une part de 20 % « qui sera cédée ultérieurement ». Dans la communication corporate, il est précisé que Vivendi rendra compte à l’assemblée générale annuelle de ses actionnaires (prévue le 24 juin prochain) « des conditions dans lesquelles cette opération a été conduite ». Une réunion agitée ?

Altice/Numericable qui s’empare de SFR : Bouygues énumère les « points de blocage »
Bouygues a maintenu la pression jusqu’au bout. Selon Le Figaro, le groupe de Martin Bouygues a adressé jeudi (3 avril) un courrier à l’ensemble des instances de pilotage du groupe Vivendi (direction, conseil de surveillance et directoire). Il souligne « trois points de blocage » en cas de cession de SFR à Altice/Numericable : des risques de conflits d’intérêt entre des conseils étant intervenu  dans le financement de Numericable (Goldman Sachs, Deutsche Bank) et cette opération de rapprochement. Bouygues émet aussi des doutes sur « la possibilité pour Vivendi de réaliser la cession de SFR sans soumettre cette décision à l’assemblée générale de ses actionnaires ». Enfin, il considère des risques de frictions en vertu d’un article du code monétaire et financier relatif à la situation fiscale de Patrick Drahi, Président de la holding Altice (actionnaire principal de Numericable) et résident suisse. « La prise de contrôle, par une société étrangère (…) d’un opérateur télécoms suppose de recueillir au préalable l’autorisation du ministre chargé de l’économie. » Dans la nouvelle configuration du remaniement du gouvernement, c’est désormais Arnaud Montebourg en première ligne. Et, en qualité de ministre en charge du Redressement productif dans le précédente gouvernement, il avait clairement privilégié l’option Bouygues.

Quiz : Casino, paris, poker : connaissez-vous l’univers des jeux d’argent sur Internet en France ?

Lire aussi :

Lire la biographie de l´auteur  Masquer la biographie de l´auteur